Philippe (47 ans aujourd’hui) est ce chauffeur de bus du dépôt d'Oreye qui s’est comporté en véritable héros lors de la fusillade de la place Saint-Lambert le 13 décembre 2011, il y a tout juste cinq ans. Nous l’avons retrouvé, il veut rester anonyme mais jette tout de même un regard amer sur ce qui s’est passé.
À l’arrêt place Saint-Lambert, il a fait rentrer à toute vitesse une cinquantaine de personnes dans son bus alors qu’Amrani était en train de le mitrailler. Puis, il a filé par le tunnel, a déposé tous les blessés deux kilomètres plus loin à la clinique Saint-Joseph avant de refaire tous les arrêts jusqu’à Oreye afin de déposer les passagers restants qui voulaient rentrer chez eux.« Je ne suis pas un héros, j’ai fait ça à l’instinct, nous avait-il expliqué à l’époque. Je n’ai pas réfléchi. »
Jamais il n’a voulu montrer son visage dans la presse. Et aujourd’hui encore, il tient à rester anonyme. Même si forcément, il revoit quasi tous les jours dans son bus les habitués de la ligne 175 du TEC sur laquelle il officie. « Que voulez-vous, la vie continue. De héros, je suis redevenu la continuité d’un volant de bus. Les quelques jours qui ont suivi, mes clients me remerciaient de les avoir ramenés à bon port. Mais deux semaines après, on n’en parlait déjà plus. Et maintenant, en rentrant, ils ne me disent même plus bonjour… »